Le nombre d’arbres plantés chaque année dans le monde (soit l’équivalent de 32 arbres plantés chaque seconde) pour compenser la déforestation

Reforestation : les bienfaits

La reforestation est la reconstitution d’un écosystème de type forestier et consiste à replanter des arbres et à rétablir la biodiversité de la faune, de la flore et des microorganismes essentiels à la survie de l’environnement.

Les effets positifs de la reforestation sur la planète et sur l’homme ne sont plus à prouver. La reforestation représente un moyen efficace de lutter contre le réchauffement climatique car les arbres sont de véritables capteurs de dioxyde de carbone, surtout lors de leur phase de maturité. En détruisant des forêts, des quantités énormes de CO2 sont rejetées dans l’atmosphère. Et comme nous le savons, le CO2 est l’un des principaux représentants des gaz à effets de serre à l’origine du dérèglement climatique.  Par ailleurs, grâce à leurs racines, les arbres permettent de retenir l’humidité et donc de limiter les effets de la sécheresse et de l’érosion des sols. L’eau absorbée s’évapore avec le soleil et crée de la vapeur d’eau qui favorise la constitution des nuages et engendrent des précipitations.

Le lien entre déforestation, changement climatique et augmentation des catastrophes naturelles est évident.

Puis, les arbres représentent l’habitat de nombreux animaux, apportent du bois et bien d’autres produits utiles pour l’alimentation ou d’autres industries comme le café ou le caoutchouc. Et n’oublions pas leur rôle économique. Selon la Fao, dans une étude intitulée « Forêts, populations et faune sauvage : Enjeux d’un avenir commun », téléchargeable ici, les biens et services procurés par les forêts valent plusieurs milliards de dollars.  Les forêts permettent à des communautés d’exploitants de survivre partout dans le monde et apportent une dimension culturelle et souvent spirituelle qu’il ne faut pas négliger.

Face à ces nombreux bienfaits, rien d’étonnant au fait que la reforestation soit une priorité pour les grandes organisations internationales en matière de protection de l’environnement. À titre d’exemple, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a lancé en 2006 la campagne Plantons pour la Planète : la campagne pour un milliard d’arbres, soutenue par Wangari MAATHAI, prix de Nobel de la paix et dans laquelle s’est inscrit dès le début Planète Urgence et le Comité 21 (source ici).  Citons également la campagne Trillion Tree, projet annoncé lors du Forum économique mondial 2020 à Davos qui vise à planter un billion d’arbres dans le monde d’ici la fin de la décennie (plus d’information ici).

Malgré ces initiatives à grande échelle, on s’interroge régulièrement sur la pertinence et l’efficacité des projets de reforestation.

The decline in forests in south america

Réparer, oui, mais sans continuer à détruire…

Tout d’abord, avant de penser à la reforestation, il convient de s’interroger sur la déforestation.

Reboiser, c’est planter des arbres sur des terrains où il existait des bois qui ont été détruits. Les forêts disparaissent à un rythme effrayant et ce en raison principalement de la forte pression agricole (qui s’aggrave avec l’accroissement de la population mondiale) et de l’exploitation forestière. L’extraction des énergies fossiles, avec les forages et les infrastructures visant à extraire ces énergies sont également à l’origine de l’anéantissement des forêts. En y réfléchissant un peu, il semble donc évident que la meilleure façon d’agir pour préserver la planète est de maintenir les écosystèmes forestiers plutôt que de les détruire pour les reconstruire…

Les grandes campagnes de plantations initiées par les multinationales les plus polluantes, et plus globalement par les entreprises qui à travers des campagnes de compensation communiquent sur les actions en faveur de l’environnement après avoir contribué largement à sa dégradation, font débat depuis de nombreuses années. Les campagnes massives de plantation d’arbres mises en place par tous les gouvernements sont aussi largement médiatisées. Même si la reforestation peut être un outil efficace, il faut être vigilant sur l’utilisation qui en est faite. La reforestation ne doit pas se transformer en un outil servant à se dédouaner vis-à-vis des activités d’émission de carbone. Donc, pour les entreprises, nous pensons que la reforestation doit impérativement s’accompagner d’actions respectables par ailleurs (même si plus couteuses parfois). Pour approfondir sur le sujet de la finance carbone, un excellent dossier a été fait par les Amis de la Terre, téléchargeable ici.

Au-delà des (in)actions des gouvernements et entreprises en la matière, chacun peut agir au quotidien pour limiter la déforestation à travers des gestes simples à adopter (en privilégiant le train à la voiture, en changeant ses habitudes de consommation, en utilisant des marques qui bannissent l’huile de palme, en limitant ou en arrêtant la consommation de viande, en privilégiant les produits avec des labels de type FSC).

Plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la dégradation des forêts provenant des activités humaines selon le WWF. Il est donc essentiel en parallèle des actions de compensation de limiter les impacts négatifs de nos activités.

Reforestation : les limites

Revenons sur la reforestation qui, comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, est une pratique bénéfique pour l’environnement à plusieurs égards. Évoquons à présent les limites qui y sont associés. D’abord, il y a une question de calendrier car la reforestation n’est pas efficace immédiatement. Les arbres trop jeunes ne fixent pas bien le carbone (il semblerait qu’il faille attendre au moins 20 ans en moyenne en fonction des espèces) or les émissions de CO2 doivent être réduites dès aujourd’hui et de manière urgente. Un arbre planté aujourd’hui n’équivaut pas à une variété centenaire dans une forêt primaire ou une mangrove. Pour aller plus loin, de nombreux sites web proposent de calculer le stockage des arbres comme ici.

La capacité de stockage dépend de beaucoup d’autres paramètres comme l’espèce, la taille, le climat et le sol… Certains arbres poussent plus vite et absorbent plus rapidement du CO2. Dans certains cas, il peut même exister des conflits sur les bienfaits pour la biodiversité car les arbres plantés ne sont pas toujours bénéfiques à leur environnement. La plantation d’espèces à croissance rapide comme des pins ou des eucalyptus qui stockent très vite, peut entrainer des effets néfastes pour la biodiversité, sans parler des risques d’assèchement des terres. Puis, les plantations en monocultures ne permettent pas de restaurer les riches écosystèmes détruits par la déforestation.

Enfin, les programmes de replantation massive ne sont pas efficaces s’ils sont mal gérés.  Prenons le cas de l’Éthiopie qui bat des records d’arbres plantés. Comme le pointe cet article, sur les 4 milliards d’arbres plantés entre 2000 et 2015, seuls 20 à 30 % auraient survécus.

L’implication des communautés est cruciale afin que les projets soient pensés de manière efficace dans l’intérêt des habitants et de l’environnement. Il est essentiel de travailler avec les populations locales sur les sites, de bien choisir les espèces, de respecter les droits de propriété sur ces arbres afin de garantir une gestion durable des forêts. Les communautés sont les premières responsables des arbres plantés sur leurs terres. Il est donc logique que les projets conçus soient mis en œuvre de manière judicieuse, en respectant leurs réalités et leurs intérêts.

Conclusion : comment s’y prendre ?

Nous pensons qu’il est tout à fait possible de faire de la reforestation en favorisant la biodiversité : pour cela, il faut bien s’y prendre. Planter oui, mais pas n’importe quoi, n’importe où ni n’importe comment.  Et bien entendu, la priorité reste de stopper la déforestation.

NooS est conscient de l’importance de ne pas se tromper en s’engageant sur des projets de reforestation. C’est pour cette raison que nous avons choisi de travailler avec Eden Reforestation sur un projet à Madagascar et un autre au Kenya. Ce partenaire représente une véritable garantie d’efficacité et de confiance. Eden a développé une approche unique basée notamment sur la restauration de forêts saines en offrant des emplois garantissant des revenus équitables aux communautés locales qui plantent des millions d’arbres chaque année.

Photography credit – Cover: Dave Herring via Unsplash