Vous avez peut-être entendu parler de la COP 27, mais connaissez-vous la COP 15 ? 

Largement ignorée par les médias, la COP 15 a eu lieu en décembre 2022 dans l’objectif de répondre activement à la dégradation de la biodiversité dans le monde. Et l’on peut dire que de grandes résolutions ont été prises ! Voici votre antisèche COP 15 ⬇️

Tout d'abord, qu'est-ce qu'une COP ?

COP signifie Conférence des Parties. Les états qui participent aux COP sont tous signataires du traité international connu sous le nom de Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Avec ce traité, ils s’engagent à empêcher toute « interférence anthropique [causée par l’homme] dangereuse  avec le système climatique ».

Chaque année, les parties se réunissent, rendent compte de leurs progrès, de leurs freins, de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) par rapport aux objectifs fixés et adoptent parfois de nouveaux accords. 

La 27ème COP sur le changement climatique a eu lieu en novembre 2022 et s’est articulée autour d’un objectif commun : réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Elle a principalement abordé les progrès concernant l’Accord de Paris et son objectif de maintenir la température gobale en dessous 1,5ºC.

Et la COP 15 ?

La COP 15 est entièrement axée sur la protection et la restauration de la biodiversité et, dans le même esprit que la COP 27, sur la prise d’actions communes ciblées. 

La COP 15 a débuté en 2020 en Chine, mais en raison de la pandémie de COVID19, elle a été reportée 4 fois. Elle a (enfin !) eu lieu du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal et a réuni des gouvernements du monde entier. 

Malheureusement, en décembre, la Coupe du Monde de football a pris le dessus sur la biodiversité. Par conséquent, la COP 15 a reçu très peu d’attention de la part des médias. Impossible d’échapper aux retransmissions de foot, tout comme presque impossible de suivre l’évolution de la COP 15.

Retour aux sources : la biodiversité

La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Autant dire que sans biodiversité, notre avenir n’est pas top top. 

🌱 Pas de plantes, pas d’oxygène. 

🐠 Pas de coraux, pas de poissons. 

🐝 Sans abeilles, pas de récoltes. 

🥵 Des écosystèmes endommagés = moins d’absorption de CO2 de leur part = + réchauffement climatique

En quelques chiffres :

  • 1 million d’espèces sont menacées d’extinction 
  • Le coût de la dégradation des écosystèmes est estimé à 3.000 milliards de dollars par an d’ici 2030
  • La protection de la biodiversité peut générer jusqu’à 195 millions d’emplois d’ici 2030.

Un accord historique

Le 19 décembre 2022, 195 états ont passé « un pacte de paix avec la nature ». Le plan mondial convenu, connu sous le nom de Global Biodiversity Framework, nous donne une dernière chance d’inverser la tendance de dégradation et de commencer à travailler avec la Nature plutôt que contre elle. 

4 grands objectifs pour 2050

OBJECTIF A

  • Maintenir, améliorer ou restaurer l’intégrité, la connectivité et la résilience de tous les écosystèmes d’ici 2050.
  • Mettre un terme à l’extinction d’origine humaine d’espèces menacées connues et diviser par dix le taux et le risque d’extinction de toutes les espèces d’ici 2050.
  • Maintenir la diversité génétique au sein des populations d’espèces sauvages et domestiquées pour préserver leur potentiel d’adaptation.

OBJECTIF B

  • Utiliser et gérer durablement la biodiversité d’ici 2050

OBJECTIF C

  • Partager de manière juste et équitable ainsi qu’accroître les ressources génétiques d’ici 2050

OBJECTIF D

  • S’assurer que les moyens techniques et financiers nécessaires à la mise en œuvre du Global Biodiversity Framework soient mis à disposition de toutes les parties, en particulier des pays les moins avancés et des petits états insulaires en développement.

« Cet accord mondial pour la biodiversité ne casse pas la baraque mais vient au moins sauver les meubles »

Quelques objectifs prioritaires à atteindre d'ici 2030

Voici quelques actions prioritaires convenues pour 2030 : 

  • Protéger au moins 30% des terres, des mers, des côtes et des eaux intérieures de la planète. 
  • Restaurer 30 % des écosystèmes dégradés 
  • Réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial
  • Réduire de moitié les risques liés aux pesticides et produits chimiques dangereux
  • Exiger des sociétés transnationales et des institutions financières qu’elles surveillent, évaluent et divulguent de manière transparente les risques et les impacts sur la biodiversité de leurs opérations, portefeuilles, chaînes d’approvisionnement et de valeur.
  • Débloquer 30 milliards de dollars d’aide annuelle à la conservation pour les pays en développement.

L’accord mentionne également au moins 18 fois l’importance d’inclure les communautés autochtones et locales dans la protection de l’environnement – une reconnaissance attendue depuis bien longtemps. 

Marco Lambertini, directeur général de WWF International, a souligné le caractère historique de l’accord : « Stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030 est l’équivalent de [la limite du réchauffement climatique] 1,5ºC – et a la capacité et le pouvoir d’inspirer et d’unir l’ensemble de la société.»

Voici l'Econario. Créé par l'artiste écologiste Thijs Bierteker en collaboration avec le Musée d'Histoire Naturelle de Londres, c'est une plante robotique de 5 mètres de haut qui a servi de thermomètre symbolique de la COP 15. Elle fleurissait avec élégance ou fanait rapidement suivant les décisions clés prises par les gouvernements. Une façon créative de garder les décideurs politiques sur le qui-vive !

Et maintenant ?

Maintenant, il revient à chaque pays d’implémenter une feuille de route au niveau national pour atteindre ces objectifs : indicateurs, deadlines, véritables engagements… A chacun de se montrer à la hauteur de cet accord vital pour le Vivant.