Le Forum économique mondial (WEF) vient de publier son très attendu “Global Risk report 2022”. C’est un classement des risques qui pèsent sur l’humanité. Même si la menace de fracture sociale a progressé à cause de la COVID-19, c’est toujours le changement climatique qui représente la plus grande menace à court et à long terme et ce n’est pas vraiment une surprise.

Une étude à prendre en compte

Cette année, comme l’année dernière, le célèbre Forum économique mondial, également appelé “Forum de Davos” n’a pas pu se tenir en début d’année. La coutume veut en effet que tout ce que la planète compte de CEOs, dirigeants, gouvernements, société civile se retrouvent en janvier dans la station suisse. Si en raison de la pandémie, l’événement aura lieu au début de l’été, le WEF a néanmoins publié son rapport des risques globaux 2022.

Il s’agit d’une étude réalisée chaque année. Plus de 1 000 experts, représentants du monde associatif, politiques ont été soumis à un questionnaire pour classer les risques qui menacent l’humanité. Tout le monde s’attendait à ce que la crise liée à la COVID ressorte de façon significative mais la pandémie n’apparaît pas en tête de classement.

A première vue cela peut sembler surprenant mais il est rassurant de voir que ce sont les tendances long terme qui sont privilégiées et notamment l’impact environnemental.

Les risques environnementaux devant les risques sociaux

L’un des grands enseignements de l’étude est que pour les 10 prochaines années, les risques mondiaux sont dans l’ordre: l’échec des mesures climatiques, les événements climatiques extrêmes et la perte de biodiversité. 

Dans ce cadre-là, l’impact de la pandémie est plutôt vu comme un facteur qui va ralentir les efforts pour s’attaquer au changement climatique ou contribuer à dé-prioriser des mesures concrètes et court terme.

 

Il est intéressant de voir à quel point, ce que l’on appelle les événements climatiques apparaissent comme préoccupants. Nul doute que les drames de l’été dernier (multiples incendies ou inondations en Europe, sécheresse…) ont eu un impact sur l’échantillon des sondés.

Toutes ces crises qui sont extrêmement visibles agissent comme révélateur sur l’opinion. La bonne nouvelle, si l’on peut se permettre cette expression dans ce contexte, c’est qu’elles contribuent à sensibiliser la population et faire comprendre qu’aucune région du globe n’est à l’abri de ces épisodes climatiques dévastateurs.

 

Quand on se concentre sur les risques long terme (5-10 ans), ce sont là encore des risques environnementaux qui sont évoqués: la crise des ressources naturelles et les dommages d’origine humaine causés à l’environnement. 

Le fait que les risques environnementaux se positionnent devant les risques sociaux constitue un message fort et témoigne d’une forte prise de conscience collective sur ces enjeux.

Un monde relativement pessimiste

Ce n’est pas vraiment une surprise mais les dirigeants sont particulièrement pessimistes en ce début d’année 2022. Moins de 16% des personnes qui se sont exprimées dans l’étude se disent optimistes ou positifs sur les perspectives futures. Seulement 11 % pensent que la reprise économique va s’accélérer. Ce défaut d’optimisme est évidemment problématique, d’après Saadia Zahidi, la directrice générale du WEF  « Les dirigeants mondiaux doivent s’unir et adopter une approche coordonnée et multipartite pour relever les principaux défis mondiaux et renforcer le sentiment de résilience avant la prochaine crise ».

Concernant la lutte contre le changement climatique, la plupart des participants à l’étude considèrent que trop peu a été fait: 77% estiment que les efforts internationaux pour combattre les effets du changement climatique n’ont “pas encore commencé” ou se trouvent à un stade préliminaire d’ “early development”.

Lorsque l’on met en perspective tous les efforts déployés lors des différentes COP, on constate qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour changer cette perception.

Il n’est jamais trop tard pour agir afin de limiter les effets du changement climatique dont on sait qu’il a des conséquences fortes sur la pauvreté et la fracture sociale au niveau mondial. 

Comme souvent la réponse doit venir des institutions mais également du secteur privé qui doit se mobiliser. Bref la réponse se doit d’être collective.

Laissons le mot de la fin à Saadia Zahidi : Les mesures de transition climatique les moins perturbatrices seront celles qui intègrent de manière holistique les besoins des individus, des sociétés, des entreprises et de la planète.

…et bonne année quand même 😉

Crédit photo : Benjamin Patin via Unsplash