Quel est le point commun entre ces images ?

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Vous ne le voyez peut-être pas, vous le ressentez: la poitrine qui se serre, des pensées qui s’emballent, un sentiment de danger imminent… De nos jours, le sentiment d’anxiété nous est désormais bien trop familier. Lorsqu’il est déclenché par une préoccupation environnementale, il est connu sous le nom d’éco-anxiété – une forte inquiétude à propos des conséquences environnementales de l’activité humaine et du changement climatique.

Le changement climatique: une vague d'émotions

Les gros titres sonnent sans cesse l’alarme sur la menace de plus en plus concrète du changement climatique. Le dernier rapport du GIEC met en garde contre l’impact du réchauffement de la planète. Les catastrophes climatiques sont de plus en plus fréquentes. Le changement climatique fut le grand absent des débats électoraux. Ou une journée internationale comme celle de la Terre peut se transformer rapidement en un rappel de notre incapacité à protéger l’environnement, plutôt qu’une célébration. 

Pas étonnant que ces titres nous rendent anxieux ! En 2021, une étude menée auprès de 10 000 jeunes de 10 pays du Nord et du Sud a révélé que 45% des 16-25 ans se sentent éco-anxieux dans leur vie quotidienne. De plus, 75% d’entre eux considèrent que l’avenir est “effrayant” et au moins 56% estiment que “l’humanité est condamnée”. 

Plus nous en apprenons sur les causes et les conséquences du changement climatique, plus nous sommes bouleversés. Nous nous retrouvons souvent confrontés à un large éventail d’émotions désagréables.

  • la culpabilité de ne jamais en faire assez pour la protection de l’environnement
  • la colère face à la trahison et à l’abandon des personnes au pouvoir qui n’ont pas agi à temps et qui continuent à ne pas agir
  • la confusion face à une humanité qui continue à agir comme si de rien n’était alors que nous sommes en situation d’urgence
  • le déni: entre lire le rapport du GIEC (les experts du climat!) et s’envoler au soleil, le choix reste clair
  • le deuil face aux pertes d’espèces animales et d’écosystèmes
  • l’impuissance face à des solutions qui semblent hors de portée
  • la désillusion et le désengagement: si nous pensons qu’il est trop tard, à quoi bon ?

Au Canada, la campagne du Jour de la Terre 2022 encourage les personnes souffrant d’éco-anxiété à prendre un jour de congé pour prendre soin de leur santé mentale. L’utilisation typique de ce terme par les populations qui font, pour le moment, le moins face aux conséquences du changement climatique est discutable. Néanmoins, la reconnaissance de l’éco-anxiété reste essentielle – tant pour apaiser le stress individuel que pour œuvrer pour la protection de l’environnement.

Un sentiment paralysant

Bien que douloureuse et pénible, l’éco-anxiété est une réaction normale à la crise écologique. Elle nous avertit qu’il existe une menace et que nous devons agir maintenant. Mais si nos sentiments deviennent trop envahissants, ils peuvent nous paralyser

Le discours actuel autour du changement climatique repose principalement sur un message de peur: échéances, destruction massive, blâme… Déclencher l’alarme est un moyen efficace de nous motiver à agir et apporter un réel changement. Néanmoins, les récits effrayants peuvent avoir l’effet inverse de celui espéré. Ce discours alarmiste peut également engendrer un sentiment de dépassement, de désespoir et d’impuissance face à de tels défis planétaires – laissant ainsi place à l’inaction.

This is fine.

Le Mindworks Lab – créé par Greenpeace pour comprendre nos réactions en situations d’urgence – trace une chronologie de crise et marque la phase de désillusion. Au cours de cette phase, la crise nous semble incontrôlable et nous perdons notre sentiment de pouvoir d’action.

Mindworks Lab · Chronologie de crise

Heureusement, cette morosité n’est pas éternelle. La désillusion est suivie d’une phase de rétablissement qui se caractérise par l’impression d’avancer, de passer à autre chose. Lors de cette phase, nous assumons la responsabilité de reconstruire notre vie et nous nous adaptons à une “nouvelle normalité” – laissant place à la planification, à la créativité et à l’espoir.

De l'éco-anxiété à l'action

Nous devons parler des causes et des conséquences du réchauffement de la planète. Mais la façon dont nous en parlons peut soit nous donner un sentiment de désespoir, soit nous convaincre que nous avons le pouvoir d’agir pour le bien de la planète. En plus de sonner l’alarme, nous devons construire un discours de solutions – un discours qui renforce notre confiance en notre capacité à relever les défis auxquels nous sommes confrontés. 

Nous sommes plus compétents et plus capables que jamais. Le président du GIEC remarquait récemment: “Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement et assurer un avenir vivable”. L’écart entre nos connaissances et nos actions nous fait défaut.

Pour transformer l’éco-anxiété en action, nous devons rétablir notre pouvoir d’action. La bonne nouvelle est qu’il n’y a pas une, mais des millions de façons d’agir pour l’environnement. Ajuster nos habitudes quotidiennes. Impulser et s’impliquer dans des mouvements environnementaux locaux. Déclencher des changements politiques. Faire de la protection de l’environnement une priorité d’entreprise. Promouvoir et soutenir des idées et des solutions innovatrices. Se former et se perfectionner. Inspirer les autres autour de nous.

Le dernier mot

Le changement climatique n’est pas un jeu: nous ne pouvons pas vaincre ou perdre. Si nous dépassons les 1,5ºC de réchauffement, nous devons viser 1,51ºC. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’atténuer et s’adapter aux conséquences du changement climatique. 

Dans cet effort, nous pouvons être dépassés par la complexité du problème, mais également croire en notre créativité et potentiel d’action. Reconnaître l’éco-anxiété et recadrer la discours autour du changement climatique fait partie de la solution. Tant que notre pouvoir d’action est incontestable, l’éco-anxiété peut être un moteur de notre engagement et de la construction du monde de demain.

Cover picture Markus Spiske by Unsplash

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