La proportion d’entreprises B2B qui reconnaissent qu’avoir une mission d’impact est important pour la croissance mais qui sont encore en train de travailler sur la manière d’implémenter cette mission d’impact pour changer leur business ainsi que les externalités environnementales et sociales (source : Carol Cone 2020). De plus, la même étude révèle que seulement 24% des entreprises interrogées déclarent que leur mission d’impact est intégrée au point que cela modifie les opérations, l’innovation et leur engagement envers la société. La durabilité reste un sujet non résolu pour la plupart des entreprises.

Cela a pris 496 millions d’années pour que les humains développent une première version du néocortex faisant ainsi des hominidés les premiers êtres vivants à pouvoir raisonner de manière complexe et construire des plans au long terme. Toutefois, quelque chose est arrivé dans l’ère moderne qui a rompu avec le cours naturel du processus d’évolution. Les êtres humains ont maintes fois démontré au cours des derniers siècles qu’ils préfèrent soigner leur satisfaction, leurs profits et leur réussite dans le court-terme. Dans la plupart des cas, ceci est fait en hypothéquant le futur au détriment de plans long-terme.

Au fil du temps, le court-termisme nous a transformés en sociétés myopes qui ne peuvent pas voir plus loin que le bout de leur nez. Ou pire, nous sommes devenus des sociétés qui peuvent voir ce qui arrive mais qui n’ont pas la vision de faire quoi que ce soit à ce sujet. Avoir la vue mais pas la vision fait de nous des êtres bien moins intelligents que nous ne le pensons.

Avec la vitesse à laquelle le monde change aujourd’hui et la hâte d’avoir des résultats positifs comme caractéristique de ceux nés après 1980, le court- terme est devenu de plus en plus court. Le résultat est une bombe à retardement dont le “tic tac” s’accélère de manière effrénée.

Un avenir qui a de l’avenir

Cette attitude est intégrée dans nos foyers, nos métiers et même nos loisirs. La dopamine générée par ces petits succès, ces gratifications instantanées et ces résultats immédiats, est addictive et il est difficile pour nous de la rejeter comme quelqu’un qui peine à arrêter la cigarette ou les paris.

D’ailleurs, les paris que nous faisons aujourd’hui en tant qu’espèce sont ceux qui nous amèneront à un avenir sans avenir. On dirait que nous sommes tous immergés dans un grand casino alors que dehors la ville brûle. La roulette qui semblait divertissante et nous faisait gagner de l’argent est devenue une roulette russe. Nous ne nous en sommes tout simplement pas rendus compte car les nuages du court-terme cachent le long-terme.

Toutefois, chaque époque dans l’histoire a connu ses défis et nous sommes parvenus à les surmonter. Ces défis ont aussi connu des personnes qui ont eu la vision et les tripes de lever la voix et changer le status quo.

À l’heure actuelle, Elon Musk se démarque sur ce point. Ce qui est intéressant sur lui est que ça ne lui suffisait pas d’avoir créé une entreprise de voitures électriques qui a changé son marché ou une entreprise qui cherche à nous transformer en des espèces interplanétaires. Bien qu’Elon Musk soit convaincu que les humains sont motivés par le court-termisme de l’argent, il vient de lancer un appel à projets à 100 millions de dollars avec la fondation XPRIZE pour l’équipe qui réussira à développer une technologie capable de séquestrer le dioxyde de carbone afin d’extraire la Terre de sa désastreuse trajectoire de réchauffement climatique.

Une responsabilité collective

La couverture du Time magazine de ce mois met au premier plan les 10 ans à venir pour atteindre (ou non) les Objectifs de Développement Durable. Nous sommes dans une décennie de l’action. Cette tâche titanesque n’est pas celle d’un homme, mais celle de toutes et tous et de toutes les organisations de la planète.

Il ne s’agit pas simplement d’être plus conscient. Il s’agit de changer d’habitudes qui sont profondément ancrées en nous. Il faut que les organisations assument la responsabilité qu’elles ont fuie pendant des décennies en compensant par la création de départements de Responsabilité Sociale de l’Entreprise. L’impératif de cette décennie d’action est de transformer la manière dont nos organisations opèrent en les alignant avec le futur de la planète et des personnes en mettant en danger le moins possible les ressources pour les générations futures.

Pour ce faire, les organisations doivent comprendre leur rôle dans la société et l’impact qu’elles ont. De cette manière, elles vont transformer leur culture vers la durabilité et l’impact avec une vision claire, non court-termiste. L’heure est à l’action. Il n’y a pas de planète B.

 

Cet article a été publié dans la revue Ethic Magazine puis traduit. Ici l’original.

Photography credit – Cover: Ethic Magazine