Le nombre d’êtres humains dans le monde qui seront affectés par un réchauffement climatique, même limité à 2°C.

Qu'est ce que c'est ?

Le changement climatique est défini par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) comme « les changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables« . Ce réchauffement climatique, qui se traduit par un dérèglement d’envergure, est perçu comme redoutable, mais l’échéance lointaine et incertaine n’incite pas au passage à l’action.

Il est donc important de comprendre les conséquences actuelles et projetées de ce dérèglement pour évaluer la manière dont les populations sont et seront affectées. 

Tout d’abord, les études du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) permettent de comprendre l’urgence de ce dérèglement. En effet, le document du GIEC auquel l’AFP a pu avoir accès en juin 2021, mais qui sera publié en février 2022, se concentre sur les chiffres clés de l’Accord de Paris, +1,5°C et +2°C par rapport à la période pré-industrielle. Ces hausses représentent respectivement l’objectif optimal des pays ayant signé l’accord ainsi que le plafond maximal.

Dans son rapport, le GIEC souligne qu’un réchauffement, même à ces températures, aurait des conséquences désastreuses telle qu’une baisse de la production alimentaire qui pourrait faire basculer 80 millions de personnes dans la faim d’ici à 2050. Un réchauffement de +2°C entraînerait également une hausse de la pauvreté dans le monde d’ici à 2030 avec 130 millions de personnes supplémentaires vivant dans d’extrême pauvreté (1,90 dollars par jour). Le rapport établit aussi qu’à +2°C, la multiplication des épisodes caniculaires mènerait à une pénurie d’eau pour 400 millions de personnes.

Ces prévisions du GIEC sont donc particulièrement alarmantes puisqu’elles sont basées sur le scénario le plus optimiste dans quel cas plus de 2,5 milliards d’humains seraient quand même affectés

Des projections alarmantes

Au-delà de ces études se concentrant plutôt sur des projections, il est important de noter que des dérèglements ont déjà lieu. De nombreuses régions et populations se voient contraintes de changer leur mode de vie pour faire face aux tempêtes dévastatrices, épisodes caniculaires, sécheresses, fontes des glaces, inondations ou incendies géants. Le cercle arctique illustre ce phénomène alors que la ville de Verkhoïansk en Sibérie a récemment connu un record historique à 38°C,  température jamais été observée à cette latitude. 

Ces observations mettent l’accent sur une autre problématique : la plupart de ces conséquences ont principalement lieu dans des pays du sud et touchent généralement des petits États insulaires de faible altitude et des pays moins “développés”, ayant peu de moyens pour lutter ou s’adapter aux changements. D’après la Banque Mondiale, les 143 millions de réfugiés climatiques qui surgiront en 2030 proviendront principalement d’Afrique subsaharienne, d’Amérique Latine et d’Asie du Sud. 

Il est donc essentiel de prendre en compte la répartition des impacts du changement climatique pour rappeler la présence d’enjeux de droits humains et de justice. En effet, le dérèglement augmentera les inégalités entre les pays puisque les nations du Sud seront les plus affectées par le réchauffement climatique, causé en grande partie par le Nord (les pays du G20 à eux seuls sont responsables de 80% des émissions de gaz a effet de serre).

Ceci peut être illustré par la situation actuelle à Madagascar1,14 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, et 14.000 vivent déjà dans des conditions proches de la famine. Le directeur du PAM (Programme Alimentaire Mondial), David Beasley, fait lui-même référence à cette injustice environnementale en rappelant que « C’est une région du monde qui n’a pas contribué au changement climatique mais qui maintenant en paie le prix fort ».

Réchauffement climatique et droits humains, un enjeu pour la COP26?

Au-delà des conséquences sur la nature qui sont bien connues et visibles, les ravages du dérèglement climatique pour l’humanité en font une question de droits humains. En effet, toutes les inégalités se renforceront entre les pays aussi bien qu’entre différents groupes ethniques ou classes sociales, genre ou générations. Il s’agit donc de maintenir la pression pour que les négociations de la COP26 conduisent à des mesures à la hauteur de l’urgence des enjeux, et que les pays du monde entier relèvent leurs ambitions climatiques.

Photography credit – Cover: Matt Palmer via Unsplash